Je profite de ma subluxation du pouce qui m’empêche de peindre pour rattraper mon retard sur le blog. Et je me rends compte qu’avec le début de l’année mouvementé que nous avons eut ici, j’avais complètement oublié de vous partager les articles que j’avais écrit pour le magazine Japan Lifestyle de cet hiver.

Voici donc un aperçu du dossier sur les fantômes japonais que j’ai rédigé, j’espère qu’il vous plaira!

Enfin si vous voulez voir les photos en plus haute définitions pour parcourir le texte : Rendez-vous ici
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Au Japon, les fantômes ou plus précisément les yûrei comme on les appelle dans l’archipel, font partie intégrante du quotidien, et chaque famille ou presque compte un cousin, un voisin ou un ami d’un ami qui a une histoire les concernant à nous raconter. 

A la découverte des Yurei

Partie I – Les Yurei: 

Le 26 juillet 1825, dans le petit théâtre de Nakamura-Za d’Edo (ancien nom de Tokyo) eut lieu la première représentation de la pièce écrite par Tsuruya Namboku : Tokkaidô Yotsuya Kaidan (L’histoire du fantôme de Yotsuya). Une histoire fantasque et sordide où se mêlent intrigues familiales et amoureuses, trahisons, meurtres et fantômes revenant pour se venger. Fort d’une mise en scène extravagante et riche en effets spéciaux, le thème de la pièce correspond au climat de l’ère Bunsei (en proie à l’agitation quand au statut et à la place de la femme dans la société) ce qui explique en partie le succès de la pièce. Dès lors, elle devient une incroyable source d’inspiration pour les artistes de l’époque. Ainsi donc des peintres tel que Shunkosai Hokushu, Tsukioka Yoshitoshi, Hokusai ou Kuniyoshi créent les premières estampes du fantôme d’Oiwa, qui façonnera son apparence pour les siècles à venir. 

L’histoire est tellement ancrée dans l’imaginaire collectif japonais qu’elle a connu plus d’une trentaine d’adaptations en tous genres et à toutes époques. Ainsi donc nous pouvons retrouver la figure du fantôme vengeur d’Oiwa aussi bien dans diverses pièces de théâtres, que dans la peinture, mais également au travers de films récents et de dramas

Des Origines Mythologiques: 

La croyance populaire japonaise veut que chaque corps humain possède une âme (reikon). Au décès d’une personne, celle-ci se détacherait de son enveloppe corporelle ( et s’en va attendre d’être purgée de ses peines dans une sorte de purgatoire. En général, les rites funéraires exécutés par la famille, extrêmement codifiés, suffisent à libérer l’âme du défunt qui s’en va rejoindre les esprits de ses ancêtres, où il veillera à leurs cotés sur ses descendants. 

Cependant il arrive dans des circonstances particulières que le reikon ne parvienne pas à trouver la paix, devenant alors une sorte de forme spectrale suspendue entre la vie et la mort, qui erre en vain dans le monde des vivants. 

Les trois grandes causes principales censées provoquer la création d’un yûrei sont :

  • des rites funéraires non exécutés ou mal réalisés.
  • Une mort soudaine (accident) ou très violente (meurtre, suicide, etc.)
  • Une personne décédée en ayant des sentiments ou des émotions très intenses (haine, peur, amour, désespoir…)

Le reikon est alors dans un état de tourment tel qu’il revient sous forme de yûrei, possiblement pour se venger d’un meurtrier ou tourmenter un amant. 

Encadré 1: Lieux et Horaires fantômes 

 Si les fantômes hantent généralement un endroit spécifique, comme le lieu de leur mort ou celui où se trouve leur corps, s’ils n’ont pas bénéficié de rites funéraires appropriés ; ils peuvent également s’attacher à une personne particulière, ou poursuivre sans relâche quelqu’un dont ils cherchent à se venger.

 Selon la tradition les fantômes se manifestent la nuit, aux alentours de 2 ou 3 heures du matin (considérés comme des heures indues au Japon), et sont plus actifs durant la saison la plus chaude de l’année.

Fiche d’Identité:

S’il existe beaucoup de formes diverses de yûrei, influencées par les circonstances de leur mort, il en est une qui est entrée dans l’imagerie populaire.

Il faut rappeler qu’à l’origine, on retrouve les fantômes dans de nombreuses pièces de et de kabuki, et qu’on les représentait de la même manière que les êtres vivants. C’est donc dans un souci de clarté scénique que le besoin de distinguer les revenants au premier coup d’oeil se fit sentir.  Après quelques tâtonnements, au XVIIIe siècle l’apparence du yûrei commença à s’uniformiser pour prendre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui : 

  • Il est très souvent vêtu d’un kimono blanc (probablement tel celui qui était utilisé pour enterrer les mort durant l’ère Edo), rappelant le culte shintoïste où le blanc est une couleur signe de pureté, réservée aux moines ou aux défunts. 
  • S’il s’agit d’une femme, elle aura une longue chevelure en désordre. Cette étrange coiffure proviendrait du même rite funéraire que le kimono blanc. En effet, durant l’époque Edo les femmes portaient de très long cheveux relevés en chignon, que l’on détachait uniquement pour les funérailles. Être échevelée en ces temps là était un signe de pauvreté ou de mauvaise vie.  Une coiffure qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les extravagantes perruques du théâtre japonais, on pourrait donc y voir également un signe de plus du rôle qu’à joué le kabuki dans la création de l’archétype du yûrei
  • Les bras du fantôme sont tendus vers l’avant, mais ses mains flottent mollement ver le sol, au bout des poignet. Il s’agit là encore d’une convention scénique issue du kabuki.   
  • Il flotte dans les airs, sans pieds ni jambes. Cette image proviendrait des premières  représentations picturales faites des fantômes, dont la première fut peinte par Maruyama Ôkyo en 1673. Cette image fut ensuite reprise par le théâtre kabuki, où les acteurs portaient alors un le long kimono blanc cachant leurs pieds, pour créer l’illusion qu’ils flottaient. 
  • Moins fréquemment, le yûrei porte sur le front un hitaikakushi (sorte de triangle blanc en papier ou en tissu) . Il s’agit à l’origine d’un talisman maintenu autour de la tête du défunt par une cordelette, et qui servait à le protéger des mauvais esprits cherchant à prendre possession de son corps.   
  • Le yûrei est parfois accompagné d’un ou plusieurs hitodama (littéralement “âme humaine” d’un défunt) à ses côtés, sortes de boules de feu (souvent de couleur bleue) qui flottent dans les airs au milieu de la nuit.
  • Assez fréquemment, le fantôme peut arborer un teint diaphane, blanchâtre voire même bleuté. témoignage de sa nature trépassée et surnaturelle. 

Différent types de Yûrei: 

Bien que le terme yûrei englobe à lui seul la plupart des spectres japonais, on peut tout de même en distinguer plusieurs types ayant des caractéristiques bien définies. 

  • Les Onryô : 

Selon la tradition ce sont des spectres de sexe féminin qui furent trompées, violentées ou maltraitées de leur vivant par la gent masculine. Bien souvent décédées sous le joug de leurs bourreaux, ces femmes reviennent sous formes de yûrei assouvir leur désir de vengeance. Inversant alors les rôles elles font subir milles et un tourments aux hommes avant de leur donner la mort. Si l’on peux cependant trouver quelques exemples d’onryô masculins dans le théâtre kabuki, il faut bien avouer que ce sont les dames onryô qui sont passées à la postérité, tel le fantôme d’Oiwa. 

  • Les Ubume: 

Ce sont les fantômes des femmes mortes alors qu’elles étaient enceintes ou ayant un enfant en bas âge. Traditionnellement elles implorent un passant de tenir leur enfant et disparaissent instantanément. Le bébé devient alors de plus en plus lourd, jusqu’à ce que le passant ne parvienne plus à le porter. Il découvre alors que le bébé n’est pas humain, mais un rocher ou la statue en pierre d’un Jizô

  • Les Goryô: 

Correspondent à l’esprit de nobles ou puissants seigneurs qui furent lésés de leur vivant, mais également des chefs de clan ou  des samouraïs morts au combat. Ces fantômes sont capables de déployer une colère tel qu’elle provoque instantanément des catastrophes naturelles comme des tremblement de terre ou des typhons. Cependant les fantômes des samouraïs sont bien souvent plus cléments et ne reviennent bien souvent sur terre que pour raconter leurs explois, afin de faire entrer leur nom dans la légende. 

  • Les Funayûrei:

Ce sont les spectres des personnes disparues en mer.  Lorsqu’ils croisent un navire, voguant sur la mer dans laquelle ils sont décédés, ils demandent à l’équipage de leur donner un hisaku (baquet en bois servant à écumer l’eau du bateau), qu’ils utilisent ensuite pour faire couler à leur tour le navire en le remplissant d’eau. 

  • Les Zashiki-Warashi: 

Le plus souvent inoffensif, il s’agit de spectres d’enfants décédés, qui viennent élire domicile dans les maisons anciennes. Si l’arrivée d’un Zashiki-warashi est considéré au Japon comme une bénédiction, les propriétaires de la maison ne sont pas à l’abri de quelques farces que leurs réserves ces malicieux fantômes. 

Encadré 2:  Rituels de Protections 

Pour se protéger des yûrei les japonais utilisent des Ofuda, ce sont des talismans en bois ou en papier sur lesquels est inscrit le nom d’une divinité protectrice, que l’on dispose sur la porte d’entrée et les piliers, afin d’empêcher les fantômes de pénétrer dans la demeure. 

Si l’on se retrouve nez à nez avec un spectre on peut également lui coller un ofuda sur le front pour le neutraliser.

Pour faire disparaître un yûrei, il faut parvenir à apaiser son âme. Soit en réalisant les rites funéraires manquants, soit en l’aidant à accomplir sa vengeance. 

Si le fantôme est en proie à de très forts tourments intérieur, l’aide d’un prêtre bouddhiste sera nécessaire afin de réaliser un rituel d’exorcisme. 

Partie II – Légendes Urbaines (les nouveaux yûrei)

Cette culture du surnaturel, réminiscence de ses racines animiste, est si bien ancrée au sein de la population japonaise que ce folklore fantastique a su se transformer au fil des siècles, façonnant peu à peu un nouveau type de fantôme. Aujourd’hui les kaidan (histoires de fantômes traditionnelles) ont laissé place aux légendes urbaines, mais en creusant un peu derrière l’effroi on s’aperçoit que ces contes nous dispensent des enseignement typiques à la culture japonaise. 

Voici donc quelques légendes urbaines célèbres, et les leçons qu’elles nous apprennent . 

Hanako-San: 

C’est l’une des légendes urbaines les populaires au Japon, qui persiste depuis les années quatre-vingt et qui fait encore trembler les jeunes générations d’adolescentes. Au point que certaines étudiantes évitent soigneusement les troisièmes toilettes du troisième étage de l’école, qui seraient hantées par son fantôme.

Hanako-san est le plus souvent décrite comme une jeune écolière au teint pâle, les yeux brillant et les cheveux noirs coupés au carré, portant un uniforme composé d’une chemisette blanche et d’une jupe rouge. 

Comme pour toutes les légendes urbaines,  il existes des divergences quand à l’origine de cette histoire. Hanako-san pourrait être :

  • Une enfant tuée dans les toilettes par un bombardement lors de la seconde guerre mondiale alors qu’elle jouait à cache-cache avec ses camarades.
  • Une adolescente harcelée par un professeur (ou ses camarades de classe) qui pour tenter de lui échapper trouve refuge dans les toilettes, où elle se fait assassiner (à moins qu’elle ne se soit suicidée) 

Dans les deux cas, l’âme de la jeune fille n’a pas pu trouver la paix à cause de la violence de son décès, et elle revient parmi nous pour se venger. 

Elle hante donc le troisième cabinet de toilette du troisième étage. Mais cependant Hanako-san ne s’en prend pas directement aux enfants (si tant est que ceux-ci ne s’amusent pas à la provoquer). On évitera donc de se placer face au miroir des toilettes du troisième étage et de prononcer trois fois le nom de Hanako-san. Ce qui la ferait immédiatement apparaîtrait derrière le provocateur et l’emporterait avec elle dans les toilettes. 

Une autre précaution consiste à lui demander l’autorisation d’utiliser les toilettes, si l’on dois se rendre dans le troisième wc du troisième étage de l’école. Pour cela on toquera trois fois à la porte et lui demander: “Es-tu là, Hanako-san ?”. Si celle-ci répond alors “Oui, j’y suis”, il vaut mieux éviter le lieu sous peine de se voir aspiré avec elle dans le cabinet de toilette. 

Au Japon, un certain nombre de tabous planent autour de ces “lieux d’aisance”, considérés comme des lieux sales et impurs. On peut retrouver dès l’époque Edo d’anciennes légendes mettant en scène yûrei et yôkai hantant ces lieux, tel Kainade, yôkai espiègle qui se cache dans les vieilles maisons de Kyoto et qui apparaîtrait uniquement la nuit du 3 février avec pour seul but de caresser le derrière de la personne occupée à faire ses besoins. Pour éviter les mains poilues de Kainade il faudrait lui poser la question : “papier blanc ou papier rouge ?”. Cette histoire semble être à l’origine de la légende moderne d’Aka-Manto, un beau fantôme portant une cape de couleur rouge qui demanderait à ses futures victimes si elles préfèrent du  “papier rouge ou papier bleu ?”, et dont la réponse déterminerait la façon dont décéderait la victime.  

Si toutes ces légendes urbaines sur les toilettes des écoles se multiplient, il faut bien évidement comprendre que celles-ci sont davantage touchées par les préjugés quand à leur prétendu manque d’hygiène, et qu’il s’agit là de faire certaines recommandation à leurs égards.  

Quand à la petite Hanako-san, quelques soient les versions de l’histoire,  la jeune fille à fini par devenir tellement populaire que plusieurs films, livres ou bandes dessinées lui sont dédiés comme par exemple le film de Tsutsumi Yukihito : “Shinsei Toire no Hanako-San” sorti en 1998.

Un autre exemple intéressant de légendes urbaines est celle de Kuchisake-Onna, qui peux se lire suivant deux axes.  

Kuchisake-Onna: 

Personnage mythologique qui trouve son origine dans une légende de l’époque Heian,  “la femme à la bouche fendue” est traditionnellement le yûrei d’une femme de samouraï. Selon la légende elle était fort belle, mais également vaniteuse et infidèle, en raison de quoi son mari jaloux l’aurait défiguré en lui taillant les commissures de la bouche jusqu’aux oreilles, avant de la tuer en lui criant: “Qui te trouvera belle, maintenant ?”… Transformée en esprit vengeur, elle revient sur cette terre tourmenter son mari avant de le tuer de la même manière.


La légende urbaine circulant depuis les années soixante-dix a subi quelques variations, et relate donc l’histoire d’une femme tout de noir revêtue, qui ère la nuit dans les campagnes une paire de ciseaux à la main, et qui se présenterait aux passants sous un masque chirurgical cachant son sourire mutilé. Lorsqu’elle rencontre un enfant, elle lui demande: “Suis-je belle ?”. Comme l’enfant lui répond généralement que “Oui”, elle retire son masque, laissant apparaître sa figure ravagée, avant de lui demander: “Si elle est toujours belle ainsi?”. Si l’enfant lui répond “Non”, elle le tue immédiatement; mais si il lui répond “Oui”, elle le laisse partir et le suit jusqu’à chez lui, avant de le tuer sur le seuil de la porte.

Une version divergente voudrait que ce soit aux hommes et non pas aux enfants à qui elle s’en prendrait, leur posant par deux fois l’ultime question. Si l’homme lui répond par l’affirmative les deux fois, il paraîtrait que le fantôme lui donnerait un énorme rubis dont le rouge prend la couleur du sang, avant de disparaître. Alors que lorsqu’elle rencontre une femme, elle la mutile à son tour pour en faire une nouvelle Kuchisake-onna. 

Certains encore affirment que la seule façon d’échapper à l’esprit vengeur serait de lui répondre qu’elle est  une femme ordinaire, ni belle ni laide, ou de lui retourner la question…

Si le but premier de cette légende est avant tout d’avertir les enfants de ne pas se promener seuls la nuit venue, et de ne pas parler aux inconnus, dans sa forme la plus subtile elle adresse également un avertissement aux adultes. Elle les invite à prendre conscience de la valeur éphémère de la beauté et de la vie qui peut être brisée en un instant…. à l’instar de la pièce de kabuki Yotsuya Kaidan. 

La légende urbaine prit cependant une telle tournure dans les années soixante-dix, qu’elle finit par se transformer en une sorte de psychose collective, les enfants refusant de sortir de chez eux, les adultes allant même jusqu’à leur imposer de rentrer de l’école en groupe, afin de ne pas croiser la jeune femme mutilée.

Il aura tout de même fallu une vingtaine d’années avant que la paranoïa ne s’estompe que Kuchisake-onna soit considérée comme étant une simple “légende urbaine”. Elle inspirera en 1995 Kanako Inuki pour son manga Kuchisaka-ona Densetsu, ou Koji Shiraishi en 2007 qui nous livrera le film d’horreur Carved. 

Encadré 1: Aokigahara – La forêt des suicides.

Comme nous l’avons vu ci-dessus, les légendes urbaines tournent principalement autour d’un personnage-fantôme central; cependant il peut également arriver que certain lieus, de par leur histoire particulièrement tragique, soient également le sujet de quelques légendes. Tel est le cas de la Fôret d’Aokigahara tristement célèbre pour être le théâtre d’un grand nombre de suicides chaque année. 

De ce fait le lieu est considéré comme étant l’un des plus hantés du Japon, et l’on raconte qu’en plus des spectres se promenant dans les bois, des chauves-souris géantes se jetteraient sur le visages des promeneurs afin de les dévorer. De plus pour les petits curieux qui tenteraient de s’aventurer tout de même dans la forêt, il paraîtrait que tout appareil électronique se trouve hors d’état de marche dès que l’on s’enfonce dans cette mer de verdure. D’autres encore prétendraient que c’est littéralement la forêt qui absorbe les promeneurs… Il est évident que toutes les légendes en circulation ont pour but de dissuader les plus téméraires de venir s’aventurer en ce lieu. Passons sur les livres et films qui ont rendu la forêt malheureusement populaire auprès d’une population suicidaire, il faut cependant savoir que cette forêt s’est développée sur une coulée de lave, ce qui la rend particulièrement fertile certes, mais qui a également créé un nombre incalculable de cavités, grottes et cavernes en tous genres qui, dissimulées par la densité de la végétation, offrent parfois un piège fatal pour les promeneurs. De plus la luminosité du soleil a du mal à se frayer un chemin entre les immenses branchages, donnant l’illusion de paysages similaires quelque soit l’endroit de la forêt où l’on se trouve, ce qui explique la réelle désorientation des visiteurs… vous l’aurez compris, la forêt d’Aokigahara regorge de pièges bien plus réels et effrayants que les nombreuses légendes l’entourant.

Encadré 2:  Un fantôme de cinéma à la renommée mondiale

Si les yûrei au cinéma ont connu leurs moments de gloire dans les années 50, ils sont peu à peu tombés en désuétude… il aura fallut l’intervention d’une enfant terrible nommée Sadako en 1998 pour que les “yurei eiga” reviennent au goût du jour. Mieux encore, le film Ring fera connaître ce genre de cinéma bien particulier au monde entier, qui depuis lui voue un réel engouement. Le film d’Hideo Nakata qui connaîtra même diverses adaptations locales notamment aux Etats-Unis et en Corée. Si le film est un véritable succès à travers le monde, c’est qu’il reprend à la perfection les codes de la culture fantastique japonaise, dans une version ultra moderne digne des meilleurs légendes urbaines du pays, ouvrant la porte à toute une nouvelle vague de films paranormaux tels que Cure, Kairo, Gemini, Audition ou Dark Water…

Quelques soient les époques et la forme qu’elles revêtent, on remarque que les histoires de fantômes sont très présentes au sein de la culture japonaise. Faut il y voir une réminiscence de leurs croyances animistes ? Une chose est sûre, le folklore japonais reste étroitement lié à la religion shintoïste. Non seulement les prêtres sont régulièrement appelés pour pratiquer divers rituels d’exorcismes, ou bénédictions de lieux hantés, mais en été O-Bon est une des fêtes religieuses les plus suivies par les Japonais, durant laquelle les familles apportent des offrandes à leurs défunts, nettoient et purifient leur tombes, et généralement les honorent  afin d’apaiser les tourments que pourraient endurer leurs âmes, et éviter qu’ils ne reviennent parmi nous sous formes de yûrei….