Et si on regardait la terre d’un autre point de vue pour remettre l’océan au centre du monde?

C’est le défi un peu fou que réalisa 1942, l’océanographe et géophysicien sud africain Athelstan Frederick Spilhaus.

Cette étonnante carte met en avant les différents ensembles océaniques dans une projection ininterrompue, formant une sorte d’unité, telle une mer fermée. De cette façon nous prenons facilement conscience de la manière dont les océans sont en réalités tous interconnectés entre eux; pour ne former au final qu’un seul et même océan, recouvrant plus de 70% de la surface terrestre.

Cette vision peut être particulièrement déroutante aux premiers abords, et pas seulement par la place centrale donné à l’océan. En effet dans la projection de Spilhaus, nous avons droit à une vision depuis l’hémisphère sud, et plus précisément depuis l’Antarctique, permettant ainsi d’étirer les surfaces océaniques dans toutes les directions sans les déformer. Mais de plus ici les pôles sont différents de ceux que nous connaissons habituellement. En choisissant de les placer en Amérique du Sud et en Chine, cela déforme particulièrement les continents, venant alors chambouler la vision que nous avons traditionnellement du globe terrestre, telle une incitation à regarder d’un oeil nouveau notre monde, en tournant notre regard sur l’océan en lui même.

La réalisation d’un tel projet, n’a pas été une mince affaire, et afin de réaliser sa projection l’auteur a eu recours à l’utilisa d’autres projections déjà existantes telles que celle de Ernst Hammer et celle d’August Heinrich Petermann. La conception de cette carte fut particulièrement complexe et connu de nombreuses variations au cours des décennies. En réalité il faudra attendre les années 1980 pour en avoir la version “finale” que l’on connait aujourd’hui.

Carte Spilhaus

Rappelons que ces 2/3 de la surface terrestre immergée gérèrent plus de 60% de services écosystémiques vitaux, tels que la production de la moitié de l’oxygène que nous respirons, la captation d’un partie du CO2 rejeté dans l’atmosphère, ou encore la production alimentaire (en effet la pêche étant encore la première source de protéine animale pour plus d’un milliard de personnes, notamment dans les pays en voie de développement) ainsi que la matière première pour des substances médicamenteuses, entre autre….

A l’heure des Congès UICN, COP 21 et du rapport GEIC, où l’océan est enfin mis au cœur de toutes les préoccupations publiques, cette carte apparait aujourd’hui comme une sorte de symbole de l’importance des enjeux écologiques majeurs qui se jouent actuellement autour de notre océan.

Ressources complémentaires: