Pour ma première participation aux “Masses Critiques” de Babelio, je vous amène à la découverte de “Moana Blues” une magnifique nouvelle qui nous plonge au cœur même de la société tahitienne, écrite par Anne-Catherine Blanc, et paru aux éditions: Au vent des îles.

L’histoire prend place dans une sorte de huis clos introspectif, où Paulot un cinquantenaire métropolitain, fait face au décès tragique de son beau-fils adoptif ainé Moana, un adolescent de 16 ans, qui s’est mystérieusement noyé alors qu’il était pourtant un surfeur et plongeur aguerri. On va alors suivre le déroulement heure par heure de cette journée de rites funéraires Tahitiens via le regard de Paulot, qui se sent étranger aux coutumes et aux réactions des membres de cette famille recomposée.

Le choix d’ancrer le récit dans une famille tahitienne est intelligent, tant il est ancré dans l’inconscient collectif que les familles d’outre-mer fonctionne bien plus en “clan”, avec des liens souvent beaucoup plus forts que celles métropolitaines. Le lecteur laisse donc tomber ses propres aprioris sur la famille au sens où il la connaît, pour se laisser porter par le dépaysement de la vie insulaire et ses codes, ce qui permet alors à l’auteur de nous amener habilement à la réflexion quant aux rapports familiaux, au rôle du père, qu’il soit biologique ou d’adoption, et aux liens du sang…

Mais plus encore l’auteur parvient habilement à aborder un tas de thèmes sensibles, grâce à un récit construit tout en dualité. Au récit poétique, alterne les passages plus triviaux ou rudes. La voix du personnage principal Paulot, qui laisse place à celle du narrateur quand celui-ci est trop submergé par l’émotion. Et face à la vie fantasmée sur une île tropicale aux jeunes vahinés offertes au premier métropolitain venu d’un âge mûr ayant un peu de statut social et d’argent…Se dévoile la réalité de la vie des femmes insulaires qui ont souvent dûes faire preuve de caractère pour affronter la dureté de leurs conditions ou les épreuves que la vie leur a asséné.

Enfin l’un des parallèles qui m’a le plus touché, est bien entendu celui que l’on peut faire entre le “Moana” ce bleu profond des abysses, auquel l’adolescent doit son prénom, et la profondeur des sentiments que Paulot éprouve pour ce fils adoptif, dans une société où le rite funéraire et le jeu du paraître social qu’il ne comprend pas très bien, et qui l’empêche de laisser éclater au grand jour son chagrin. Alors pour survivre à cette journée qui semble se dérouler avec la lenteur d’une apnée sans fin, Paulot retient sa respiration et plonge au cœur de lui-même dans une sorte de monologue interne, où se côtoient souvenirs, démons du passée, remise en question et absolution.

Voici donc un livre qui se dévore d’une traite comme une bonne petite nouvelle, mais qui ouvre en nous une réflexion sur nos perceptions aussi vaste que les profondeurs bleues de l’océan.

Vidéo Complémentaire:

Informations:

  • Éditeur ‏ : ‎ Au Vent des Iles (20 janvier 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 140 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2367344825
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2367344829
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 181 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 12.9 x 1.1 x 20.9 cm

Liens Utiles:

  • Babelio: https://www.babelio.com/
  • Anne-Catherine Blanc: https://annecatherineblanc.fr/fr/accueil
  • Editions Au vent des ïles: https://auventdesiles.pf/
Moana blues par Anne-Catherine Blanc

Moana blues

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