Un bleu profond qui nous happe au premier coup d’œil, et nous plonge dans les tréfonds de l’océan. On ne pouvait rêver mieux pour enrober ce petit ovni littéraire qu’est le “Journal de nage” de la très mondaine Chantal Thomas, écrit leur du premier confinement et paru aux éditions du Seuil.

Tout commence en pleine pandémie, alors que l’auteur vient passer son été à Nice et y redécouvre en quelque sorte le plaisir des bains de mer, telle une délivrance à ces semaines d’enfermement. Au fil des pages, on comprend rapidement que le récit de ses sessions de nages consignées dans ce journal intime, n’est en fait que prétexte pour se laisser aller à tout un tas de réflexions personnelles sur la vie. Plus encore au fur et à mesure que le récit se fragmente et devient onirique, l’on sait plus vraiment si l’auteure est en train de nager, de discuter avec des passants sur la plage, ou dans son propre appartement, on voit alors émerger le questionnement au rapport à la Mer et par extension à la Mère, dont l’auteure semble encore porter le deuil, et dont l’image lui revient sans cesse tels les remous des vagues.

L’ouvrage est brillant, il fourmille de références culturelles à des artistes qu’ils soient, auteurs, peintre, cinéastes ou poètes ayant eux aussi explorer de façon singulière leur rapport la figure maternelle… Que Chantal Thomas parvient à nous livrer avec une déconcertante fluidité, afin de mieux nourrir sa propre réflexion et donc par extension la nôtre. Et il faut avouer qu’on se laisse savoureusement porter par ses divagations, à tel point que cela nous semble naturel.

Enfin l’un des points que j’ai adoré dans cette nouvelle, c’est la mise en lumière de cette espèce de lien universel qui relie tous les baigneurs. Sur la plage, se crée une forme de reconnaissance et d’empathie immédiate entre nageurs, où peu importe leurs exploits nautiques, le statut social ou l’ethnie d’origine des uns et des autres, la mer met tout le monde sur un pied d’égalité le temps suspendu d’une baignade.

Enfin derrière même l’emploie du terme “nage”, et non “natation”, on peut y voir une certaine forme d’invitation à la lenteur, à se laisser porter par les flots, métaphore évidente des remous qui brasse son esprit lors de l’écriture de ce livre (ou le nôtre à sa lecture).

Si la longueuse que je suis a tout de suite été envoûtée par cette couverture d’un bleu hypnotique, j’avoue que la simple évocation du covid m’a un peu fait hésiter à me plonger dans cette lecture, je peux te rassurer l’évocation du terrible virus n’est là que pour poser un cadre au récit, et on est très vite happé loin de tout ça et l’on comprend alors tout le pouvoir salvateur de la nage.

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Informations :

  • Éditeur ‏ : ‎ SEUIL (13 mai 2022)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 160 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 202150459X
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2021504590
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 200 g
  • Dimensions ‏ : ‎ 14 x 1.8 x 20.5 cm

Liens utiles:

Editeur : https://www.seuil.com/
Chantal Thomas: https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/chantal-thomas