Comme vous l’avez constaté depuis le début de l’année, je me suis mise à peindre de petits sujets dans un style inspiré de l’etegami japonais, l’art des cartes postales illustrées. Suite aux diverses questions que l’on a pu me poser concernant cette pratique artistique, j’ai décidé de faire un article sur le sujet, afin de vous présenter plus en détails les caractéristiques de cet art Japonais.

Un peu d’histoire :

L’etegami (parfois aussi écrit e-tegami) est une pratique japonaise popularisée dans les années 70 par Koike Kunio, et qui consiste à peindre sur une carte postale un sujet de saison (légume, fleur, fruit, animal…) ou des objets du quotidien, accompagné d’un message manuscrit. Une fois la carte terminée, on l’envoie par la poste à un parent ou un ami proche. Les mots sont donc tout aussi importants que l’image, servant tous deux à transmettre nos sentiments.

La particularité de l’exercice est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un quelconque talent artistique pour s’y adonner. Il s’inscrit dans l’instant présent, mêlant l’observation de ce qui nous entoure et rapidité d’exécution.

Le matériel traditionnel :

– Les cartes postales de format 10 x 15 cm. Elles sont normalement faites en papier washi, car il est très absorbant. Cette particularité du papier permet de travailler avec des techniques humides, et de laisser la couleur se diffuser d’elle même.

– Les pinceaux chinois, bien souvent en poils de chèvre ou de martre. Leur couronne de poils courts et doux agit comme réservoir et prolonge le noyau formé de poils longs, résistants et aux fines pointes… ce qui permet avec un seul et même pinceau de tracer aussi bien des lignes extrêmement fines que des lignes très épaisses.

– L’encre sumi de chine en bâtonnet (l’encre de chine à la particularité, si elle est de bonne qualité, de devenir permanente une fois sèche).

–  La peintures gansai. Ces aquarelles sont lumineuses, veloutées et très brillantes. Elles ont un taux d’incrustation dans le papier proche de l’indélébile ce qui ne permet pas le repentir, contrairement à nos aquarelles françaises.

– un sceau à son nom pour signer l’oeuvre à l’encre rouge (je suis entrain d’essayer de me faire faire le mien!).

> Découvrir des alternatives françaises à petit prix

Quelques règles :

L’e-tegami comporte peu de règles, mais il doit combiner certaines caractéristiques propres, qui le distinguent des autres catégories artistiques. Tout d’abord il faut choisir son sujet, le plus simple étant de travailler d’après un modèle (objets, fleurs, fruits…) que l’on pose en face de soi. Le sujet peut être représenté en entier ou partiellement, il est ainsi possible de faire « sortir » le dessin du cadre.

L’image se réalise en deux temps :– On commence par tracer à l’encre de chine et à main levée les lignes vivantes (les contours). Il faut les exécuter sans s’y attarder afin de ne pas figer la dynamique de l’image– Ensuite on met le dessin en couleurs. On veillera à n’utiliser que quelques couleurs, que l’on appliquera suivant la technique du lavis (pigment très dilué). On peut travailler sur un papier washi ou aquarelle, afin de favoriser la diffusion aléatoire de l’eau et de la couleur. 

Enfin lorsque le dessin est achevé, on écrit un court message et on le signe. Traditionnellement on signe à l’aide d’un sceau à son nom, avec de l’encre rouge.  il est possible de fabriquer soit même son tampon en gravant une gomme.

> Plus de détails sur les règles de l’etegami en vidéo:

Koike Kunio – Père de l’etegami :

Koike Kunio est un artiste qui s’était spécialisé dans la calligraphie, avant de se rebeller contre les codes établis par cette tradition ancestrale. De cette rébellion il va créer de nouvelles règles, ou plus précisément « non-règles » qui deviendront la base de l’etegami. Et c’est justement par la popularité grandissante pour le travail de Koike Kunio dans les années 1970 que l’art de la lettre peintre va être remis au goût du jour. Son succès est tel qu’aujourd’hui Koike Kunio est devenu le président de l’association japonaise d’ etegami, et qu’un musée entièrement dédié à cet “art” a été érigé.

Le leitmotiv de l’artiste japonais est : 下手でいい、下手がいい (heta de ii, heta ga ii) que l’on pourrait traduire comme quelques chose du genre : ”La maladresse n’est pas un problème. Soyons maladroits !” La maladresse serait considéré ici comme le reflet des vibrations du corps et de l’émotion de l’esprit devant l’objet admiré et observé. Cette devise empreinte de wabi-sabi a fait les beaux jours de l’etegami, puisque de plus en plus de Japonais se sont épris de ce passe-temps agréable et relaxant.

Plus encore, l’etegami a conquis le monde entier, et à l’instar de nos Urban Sketchers, il n’est pas rare de voir des occidentaux travailler tous simplement à l’aquarelle et au pinceau à réservoir d’encre. Donc plus d’excuse…il suffit d’observer ce qui nous entoure et de se lancer.

> En apprendre plus sur l’etegami?

couverture eBook “Réussir ses premiers etagami”

Pour vous permettre de vous initier à cet art japonais traditionnel, j’ai créer pour vous un ebook qui vous plonge au cœur de l’histoire de l’etegami. Il vous emmène non seulement à la découvert de son matériel, et de son utilisation, ainsi que les règles à respecter, mais il vous propose aussi de nombreuses astuces techniques, et sources d’inspirations, afin de réussir à coup sur ses etegami. 

Le petit bonus du livre, c’est que je voulais créer quelque chose de vraiment pédagogique, afin que chacun puisse s’initier à cette pratique créative. J’ai donc créer un eBook interactif qui vous permet d’accéder facilement à mes vidéos pas à pas et tutoriels!